Le Comité de salut public de la Convention nationale

LE COMITÉ ET LA MARINE 285

d'éviter un engagement. Mais Jeanbon Saint-André, qui l'accompagnait, et que l’ardeur de l'équipage enchantait au point de lui faire croire à un succès possible, ne reculait pas devant l’idéé d'une bataille. Lord Howe était sorti de Portsmouth avec 25 vaisseaux de ligne; après avoir erré pendant trois semaines dans le golfe de Gascogne, il se trouva, le 28 mai, en présence de VillaretJoyeuse. Un combat assez vif, interrompu par la nuit, et repris le lendemain matin, s’engagea. La lenteur avec laquelle on obéit aux ordres de Villaret-Joyeuse et les méprises des officiers firent que cette journée fut sans résultat; de chaque côté on eut un navire hors de combat. Le 30 et 31 mai, une brume épaisse enveloppa les deux flottes.

Le 1° juin, lord Howe, convaincu de sa supériorité par le combat du 29, résolut d’en finir. [l donna l’ordre à chacun de ses vaisseaux de couper la ligne française et de combattre le vaisseau français correspondant. A dix heures, l'action devint générale. La Montagne, où se trouvaient Villaret-Joyeuse et Jeanbon Saint-André, eut à lutter contre la Reine-Charlotte, que montait l’amiral Howe. Villaret-Joyeuse, bien secondé par le représentant et par l'équipage, montra une grande intrépidité. Renversé de son banc de quart, qu’un boulet avait fait voler en éclats, il ne se déconcerta pas. Le combat devint terrible. Une fumée épaisse couvrait le champ de bataille à un point tel qu'on ne se voyait plus. Le capitaine Bazire eut les deux jambesemportées ; il dit au chirurgien quile pansait : « Dites au représentant du peuple que le seul vœu que je forme en mourant, c'est le triomphede la République!» À deux heures, les Anglais avaient onze de leurs vaisseaux plus ou moins endommagés; mais nous en avions douze dans