Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma
LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION Bt
Cette thèse est vivement combattue par l'abbé Maury : « Je passe aux comédiens. L'opinion qui les exclut n’est point un préjugé. Elle honore au contraire le peuple qui l’a conçue. La morale est la
remière loi. La profession du théâtre viole essentiellement cette loi, puisqu'elle soustrait un fils à l'autorité paternelle. Les révolutions dans l'opinion ne peuvent pas être aussi promptes que nos décrets... »
Robespierre estime qu'on n’a pas besoin d’une loi au sujet des comédiens. « Ceux qui ne sont pas exclus sont appelés, dit-il. Il était bon cependant qu’un membre de cette assemblée vint réclamer en faveur d'une classe trop longtemps opprimée. Les comédiens mériteront davantage l’estime publique quand un absurde préjugé ne s’opposera plus à ce qu'ils l'obtiennent : alors les vertus des individus contribueront à épurer les spectacles, et les théâtres deviendront des écoles publiques de principes, de bonnes mœurs et de patriotisme... »
M. de la Fare, évêque de Nancy, appuie l'opinion de l'abbé Maury.
MM. Duport et Brunet proposent chacun une rédaction non adoptée.
À la séance du 24 décembre, on lit une lettre des comédiens au président de l’Assemblée et datée du même jour. Elle s’exprime ainsi :
« MONSEIGNEUR,
«Les Comédiens-Français ordinaires du roi, occupant le théâtre de la Nation, organes et dépositaires des chefs-d'œuvre dramatiques, qui sont l’ornement et l'honneur de la scène française, osent vous supplier de vouloir bien calmer leur inquiétude. Instruits par la voix publique, qu'il a été élevé, dans