Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

58 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

quelques opinions prononcées à l’Assemblée nationale, des doutes sur la légitimité de leur état, ils vous supplient, Monseigneur, de vouloir bien les instruire si l’Assemblée a décrété quelque chose sur cet objet, et si elle a déclaré leur état incompatible avec l’admission aux emplois et la participation aux droits de citoyen. Des hommes honnêtes peuvent braver un préjugé que la loi désavoue, mais personne ne peut braver un décret, ni même le silence de l’Assemblée nationale sur son état.

« Les Comédiens-Français, dont vous avez daigné agréer l'hommage et le don patriotique, vous réitèrent, Monseigneur, et à l’auguste Assemblée, le vœu le plus formel de n'employer jamais leurs talents que d’une manière digne de citoyens français, et ils s'estimeraient heureux si la législation, réformant les abus qui peuvent s'être glissés sur le théâtre, daignait se saisir d’un instrument d’influence sur les mœurs et sur l'opinion publique.

« Les comédiens ordinaires du roi,

€ Signé : Dazincourr, secrétaire. »

L'abbé Maury, prenant la parole, se plaint de ce que les comédiens aient écrit à M. le président. Il ajoute « qu’il est de la dernière indécence que les comédiens se donnent la licence d’avoir une correspondance directe avec l’Assemblée ». Mais il est rappelé formellement à l’ordre par M. le président.

Ce rappel à l’ordre occasionne un certain tumulte et de vives protestations. |

Le procès-verbal de la séance continue ainsi :

« Après plusieurs motions de MM. de ClermontTonnerre, Rewbel, Barnave, l’évêque de Clermont, de Beaumetz, du marquis de Marnésia, M. le comte de Mirabeau déclare qu'il serait absurde, impoli-