Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma
LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION 61
Cette production va le placer au nombre de ceux de nos auteurs dont on doit concevoir d’heureuses espérances pour le théâtre.
« Le public a demandé, à la fin de la pièce, M"° Petit (1), qui y joue avec autant de talent que d'âme et d'énergie; elle a paru, et les applaudissements qu'elle a reçus doivent l’encourager à cultiver un talent que les connaisseurs distinguent d’une façon si honorable pour elle. »
La représentation, annoncée plusieurs jours à l'avance, d’une pièce intitulée Le Philinte de Molière ou la Suite du Misanthrope, eut lieu le 22 février 1790 (2).
Trouvant audacieuse la prétention de se déclarer le continuateur de Molière, le public se porta en foule au théâtre dans les dispositions les plus hostiles à l'égard du téméraire auteur. .
Cependant, la comédie de Fabre d’Églantine, réunissant de sérieuses qualités, ne tarda pas à désarmer les excitations préventives du public qui, finalement, la couvrit d'applaudissements.
Cette pièce, toutefois très discutée, était néanmoins de nature a inspirer de belles espérances, si son auteur n’eût été enlevé aux lettres et entraîné dans le mouvement politique.
La clôture annuelle du théâtre de la Nation eut lieu, le 20 mars, par une représentation de Mérope et de la Gageure imprévue. M'° Raucourt et Saint-Fal y furent très applaudis.
Suivant l’usage établi à ce théâtre, Dazincourt vint, sur la scène, prononcer un discours visant certains conflits élevés entre le parterre et les comédiens, se
(1) Mre Petit-Vanhove.
(2) Cette comédie en 5 actes et en vers, considérée comme le chef-d'œuvre de l'auteur, portait cette épigraphe, tirée de l'Enéide ; Miseris succurrere diseo. °
4