Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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plaignant d’exigences excessives et fréquentes à l’endroit de la composition du répertoire, et de ce que « le Théâtre-Français, depuis longtemps, était en butte à des rigueurs affligeantes ».

Il ajoutait : « une jalouse cupidité, dont nous ne nous permettrons pas de dévoiler le secret et qui voudrait s'élever sur nos débris, a cherché constamment depuis plusieurs mois à fatiguer et décourager notre zèle ».

Dazincourt signalait ainsi les ferments de discorde et de division s’agitant sourdement parmi les comédiens, et auxquels se mêlait parfois le publie.

C'était une allusion aux événements déjà menaçcants, et qui, en éclatant un an plus tard, devaient amener une scission complète et une désertion partielle, dont nous aurons bientôt à exposer les détails.

Après une vacance de vingt-deux jours seulement, l'ouverture eut lieu, le 12 avril, avec Phèdre etla Surprise de l'Amour.

Naudet, dans un discours précédant la représentation, annonça « que la Comédie ne se borneraït pas, pour répondre au vœu du public, à abrèger la clôture du théâtre, mais que des mesures allaient être prises, pour procurer, à la classe des citoyens les moins aisés, la facilité d’assister à la représentation des chefs-d'œuvre du répertoire, en pratiquant, dans la salle, plus de six cents places à un prix modéré, qui ne nuiraient en rien à la commodité des autres spectateurs (1). »

A la date du 4 mai 1790, se placeune représentation qui eut un certainretentissement. Le grand tragédien Larive, devant des critiques qu'il trouvait injustes, et dans un moment de dépit, avait abandonné le

(1) Gazette nationale du 15 avril 1790. Cette réforme poDIE paraît être restée à l’état de projet.