Bitef

11

Par sa sélection Bitef s'efforce de réagir au moment cauchemardesque des analystes économiques du monde entier, tout comme à celui de nombreux chômeurs dont le nombre croit de jour en jour. Mais le moment est également inspirant pour les hommes de théâtre, moment où „le Capital" de Marx resurgit en tirages records, où le cinéma s'en empare aussi bien que la bande dessinée manga et où un choix des spectacles intéressants traitent des manières diverses la crise du capitalisme corporatif. Malgré toutes les difficultés c'est avec plaisir que nous pouvons juger la sélection définitive qui, tout en étant relativement réduite par rapport aux éditions précédentes du festival, a réussi à maintenir son niveau professionnel élevé et à offrir de nouvelles et intéressantes informations sur les courants actuels du théâtre contemporain. Ce qu'il faut particulièrement souligner cette année ce sont non seulement des spectacles excellents qui ont réussi à figurer dans la sélection, mais aussi quelques uns parmi ceux qui, à notre grand regret, n'y figurent pas. Afin de donner l'image complète du concept de sélection, dont la réalisation reste incomplète pour des raisons objectives, nous considérons qu'il faut les mentionner à cette occasion. La sélection et le slogan qui l'inspire seraient sans doute encore mieux justifiés par des titres tels que „La mort d'un commis voyageur" de la Schaubûhne am Lehniner Platz dans la mise en scène du brillant Luc Perseval, ainsi que le spectacle particulier dont la popularité internationale est de plus en plus grande „Frankenstein Project", réalisé par le jeune metteur en scène hongrois Kornél Mudruczô. Malgré tout nous croyons que le public du Bitef aura cette année également de bonnes raisons de satisfaction autant que d'une réflexion sérieuse, car de nombreux artistes dont nous pourrons voir le travail au prochain festival s'y attendent précisément. Espérons seulement que la pandémie croissante de la grippe n'aura pas d'effets sérieux sur le déroulement du festival, à moins qu'elle ne s'y impose comme un nouveau thème de théâtre.

Anja Suša et Jovan Ćirilov