Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L' « ÉGRILLARDE » EN FRANCE 221

Quand elle prenait des résolutions politiques.les combinaisons de la tête étouffaient vite les mouvements du cœur. La raison d'Etat avait seule voix au chapitre. Opportuniste de génie, elle aurait créé l’opportunisme,s’il avait été à créer. Néanmoins, elle ne fut opportuniste que quant aux moyens : tantôt libérale avec les philosophes qui célébrèrent ses vertus, tantôt réactionnaire pour échapper au danger des idées révolutionnaires et leur barrer la route. Mais les grands projets qui sont le triomphe de son règne, — elle eut ses projels de chevet comme ses «livres de chevet », — elle les poursuivit avec un ténacité comme avec une énergie et une habileté qui ne se démenlirent jamais. Elle avait admirablement joué des philosophes, ét Voltaire avait chanté ses victoires en Turquie ; elle joua si bien de la Révolution et de la cause des rois,que l’Europe dût courber la tête et accepter le fait acquis quand retentit le cri douloureux : Finis Poloniæ.

L’attrait de la personne de Catherine et les charmes de son esprit ont été souvent vantés ; l'éloge de sa souplesse de main n’est plus à faire. Mais de toutes ses qualités, c’est surtout le bon sens et la fermeté de caractère qu’il importe de bien marquer; en effet, elle n’avait que la notion du possible, du réalisable, et c’est avee la ténacité d'une allemande nourrie de la moëlle des anciens, sans ométtre les {/lustres de Plutarque, qu’elle poursuivit les plus vastes desseins.

Et ce qui est curieux, c'est la tranquilité de son esprit | Elle avait voulu en certains points continuer l'œuvre de Pierre-le-Grand ; pour cela elle s'était faite russe avec

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