Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents
LA FRANCE DE L'ENCYCLOPÉDIE 11
est amie de la tolérance et du bien; elle a senti le souffle du siècle. D'ailleurs, il a’y a pas qu’elle, en Russie, qui soit éprise de liberté. C’est à Genève que durant le règne d'Elisabeth, beaucoup de jeunes gens de la noblesse russe sont venus compléter leur éducation, et il sont retournés dans leur pays « la tête et le cœur remplis des principes républicains. » C'est le baron de Breteuil qui parle ainsi, et il ajoute : « Il ne faut pas une longue habitude en Russie pour découvrir combien les têtes sont tournées vers la liberté. » (1) Les vues libérales de Catherine trouvent donc de l’écho dans une notable partie de la société russe.
Pour juger, du reste, du libéralisme de Catherine, il nest besoin que de recourir à ses écrits et aux principaux actes de son règne. Ce qu’elle a écrit et ce qu’elle a fait parlent pour elle. Il est bon aussi de rappeler l'éducation qui lui fut donnée et le dur apprentissage du pouvoir qu’elle fit pendant ses années de grande-duchesse. Ne dit-elle pas à Diderot qu’elle avait eu pen-
‘ dant vingt ans deux grands instituteurs : le malheur et la retraite ?
(1) Mémoire du baron de Breteuil du 1et septembre 1763. Mémoires et documents. Tome 9. Archives des Affaires étrangères .