Cayer commun des trois ordres du Bailliage de ***
(947) au dépens des campagnes & de leur culture.
Et cette défolante quantité d'officiers fubalternes , que chacun de ces tribunaux traîne à fa fuite, devient pour les malheureufes campagnes ‘un fléau plus accablant encore : ils commencent par les dépeupler , ils finiflent per les opprimer. Le jeune habitant de la campagne qui croit fe fentir quelque talent , ou qui fe voit foutenu par quelque protection, entraîné par des idées de fortune , court à la ville acquérir une demie connoiflance d’affaires, bien plus dangereufe que la fimplicité & lheureufe ignorance auxquelles fon état primitif l’avoit deftiné, Delà cette multitude de praticiens , qui par päaflion, par ignorance , & fur-tout par intérêt, entraînent le pauvre peuple dans des procès éternels & lé, préci-
itent dans fa ruine. Delà ce nombre effréné d'huifliers , qui accablent encore de leurs vexations ce malheureux peuple , & dont les prévarications multipliées & variées prefqu’à l'infini font mifes à l'abri de toute punition par la foi qui eft due à leurs aétes.
Ce ne font, SIRE , ni des maux imaginaires que nous vous dénonçons , ni des plaintes exagérées que nous vous apportonss VOTRE MayesTé fentira facilement que ces abus font les conféquences naturelles de la multiplicité immodérée des tribunaux, & de leurs officiers.
Dans l’ordre fupérieur nous ne connoïflons que deux cours, auxquelles fe relevent tous les appels; vos parlements pour la juftice ordinaire , & vos cours des aides pour les impôts : & même dans plufeurs provinces une