Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

LES TROUBLES 163

coaliser ou se combattre, suivant les questions. C'est dans son district qu'est ouvert l’entrepôt du môle Saint-Nicolas et que se prend le contact avec les étrangers. Le Cap voudra donc diriger la révolution suivant ses propres intérêts, confondus, comme toujours, avec les intérêts généraux. Une ambition locale se greffera sur l'ambition coloniale, et une rivalité sur une autre.

Une rivalité de mème genre existait à la Martinique. La ville de Saint-Pierre était toute commerçante; c'est là que les négociants métropolitains avaient leurs représentants, leurs magasins et leurs banques. Dans l’intérieur de l’île, au contraire, étaient les planteurs, riches, mais endettés, assujettis à l'intermédiaire de Saint-Pierre pour l'écoulement de leurs produits, mais irrités contre leur assujettissement. La crise prendra donc l'aspect d’une lutte entre urbains et ruraux, producteurs et acheteurs, débiteurs et créanciers!. Les mulâtres oublieront leur cause politique pour servir leur intérêt agricole. Les insurgés voudront moins leur indépendance administrative que la ruine de Saint-Pierre, qui représente leur dépendance commerciale.

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Générales ou locales, les causes des troubles

1. «Saint-Pierre, dit Barnave, se trouve avec les planteurs dans a situation d'un créancier vis-à-vis d’un débiteur » (Rapport du 29 novembre 1190; — Arch. parlem., XXI, 125; Proc -verb., n° 486, t. XXXVIII, p. 28-31, texte du décret).