Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

LES TROUBLES 157

aux denrées spécifiées dans l'arrêt du 30 août 1784, en confiant aux municipalités la surveillance de la fraude et en autorisant le paiement en denrées coloniales. Elle licencia les troupes réglées et les remplaça par des gardes nationales à la solde de la colonie. Bref, elle fit, durant le mois de juillet, une vraie débauche de décrets, un véritable étalage d’insubordination.

Mais l'orage se formait contre les imprudents réformateurs. De Peynier résolut de vaincre en eux l'esprit révolutionnaire, qu'il n’aimait guère. Fort du désaveu de quelques municipalités, et notamment de celle du Cap, il lança une proclamation déclarant « l'Assemblée générale traître à la patrie »; puis il fit agir ses troupes. Le colonel Mauduit, avec un corps de 100 noirs et 2 canons, arrêta 35 membres du Comité de Portau-Prince, qui inspirait l’Assemblée, envahit, dans la nuit du 29 au 30 juillet, le corps de garde où s'élaient réfugiés 400 citoyens et enleva les drapeaux de l’armée patriotique. A cet acte de violence, l’Assemblée répondit par un décret appelant aux armes tous les citoyens et déclarant traitres el proscrits de Peynier et les officiers de son élat-major!. Elle autorisa même, comme à la Martinique, l’enrôlement des mulâtres et nègres libres. Mais l’Assemblée provinciale du Nord, que la coterie aristocratique dominait, voulut combattre les idées qu’elle-même avait soutenues et soutien-

1. Mauduit, Coustard, Courvoyer, La Galissonnière, La Merveillère, 12