Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

QUESTIONS COLONIALES ET MÉTROPOLITAINES 24

par les philosophes et devait ètre condamné par l'opinion. Il l'était, en effet, par tous ceux qui n'y étaient pas intéressés, par tous les théoriciens des droits de l’homme. Avec l'esclavage, l'on proserivait naturellement la traite, le préjugé de la couleur, l'inégalité civile et civique. Si, par intérèt, commerçants et colons soutenaient une iniquité, toute la nation s'intéressait aux victimes, par esprit de justice !.

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Le malheur était, pour les colons et commerçants, qu'entre eux s'était élevée une grande querelle. La théorie coloniale, depuis Colbert, tenait en cette formule: « Les colonies sont fondées par et pour la métropole. » Dans la pratique cette théorie conduisait à l'exclusion rigoureuse des étrangers de nos marchés coloniaux ?. Cétait d'ailleurs la loi commune, et les colonies anglaises, espagnoles, hollandaises, la subissaient également. Mais en France, où la marine marchande était peu nombreuse, ce système, dit de l’exclusif, donnait lieu à de graves difficultés. À mesure qu'elles se

1. V. notre Histoire dela Question coloniale, p. 318-330.

2, Edit du 28 mai 1664; ordonnance de 1686; ordonnance du 27 août 1698 portant amende de 3.000 livres contre les armateurs chargeant en pays étranger pour les îles françaises ; amende de 1.000 livres de six mois de prison contre les capitaines, de 500 livres et confiscation contre les colons trafiquant avec les étrangers ; amende de 2.000 livres contre ceux qui ont recu des marchandises étrangères et galères contre les récidivistes (art. 3, 4, 5); ordonnance d'avril 1717 (art. 26 et 27); édits du 14 mars et 15 octobre 1722 ; déclaration du 19 novembre 1727.