Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

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Toutes ces discussions avaient, dans les dix dernières années, grâce à une multitude de brochures, dépassé le cadre des intéressés. La nation tout entière était saisie de ces problèmes, et elle s’en préoccupa dans la remarquable manifestation d'opinion que l’on appelle les Cahiers de 1789. II nous importe d'y rechercher sa pensée, car elle s'imposa aux Constiluants sous forme impérative. Un premier failà constater, c'estqu'aucun cahier,

1. L'analyse qui va suivre repose sur la collection des cahiers insérés dans les Archives parlementaires (t. I-VI). Nous n'ignorons pas que cette collection est défectueuse et incomplète ; qu'elle n’a pas élé contrôlée par les procès-verbaux des assemblées et qu'elle mêle ou confond les quatre sortes essentielles de cahiers; qu'elle ne contient pas 27 cahiers, que l’on possède imprimés où manuscrits, ni les 147 qui restent à découvrir. Nous l'avons cependant utilisée, faute de mieux. Nous n'avons même pas cherché à faire une différence entre les cahiers de paroisses, de bailliages ou des Etats généraux. Ayant à rechercher des opinions, nous avons passé au crible toutes celles qui ont été manifestées, et nous croyons l'avoir fait sans erreur. Les nombres que nous donnons pour chaque sorte d'opinion seraient évidemment différents si nous avions travaillé sur un recueil complet et scientifiquement établi. Mais la proportion varierait-elle et nos généralisations en seraient-elles atteintes? Nous ne le pensons pas, et c'est ce qui importe pour notre sujet (cf. Brette, Convocation des Elats généraux, 1, introd., LXXIIT sq.; Aulard, Révolution, {. XIX, p. 150-156).