Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

162 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

avez, dans les nouveaux décrets, la route tracée de toutes les démarches à faire et des conditions de ces sortes de traités. Les confédérations entre les gardes nationales deviennent universelles dans le royaume : il est difficile de ne pas sentir la nécessité d’opposer une masse imposante aux efforts des ennemis de la liberté publique, lorsqu'ils ne cessent de la menacer, et lorsqu'ils ne craignent pas d’invoquer le fléau d’une guerre étrangère, dans laquelle seule ils aperçoivent encore un espoir de salut pour eux.

La partie de l'Assemblée qui travaille contre l'opinion publique, s’opiniâtre à tenir des assemblées particulières, et ne se décourage pas par les imprécations, les huées qu’elle reçoit; elle semble provoquer la fureur du peuple. Il est inconcevable qu’il ne soit pas encore arrivé de désordre. Trois ou quatre mille âmes environnent depuis plusieurs jours le lieu de leurs séances. Le peuple est retenu par la crainte que ces messieurs ne se retirent, et ne fassent dissoudre l’Assemblée, si on usait de violence contre eux. Jugez cependant du danger d’irriter et de porter aux derniers excès un peuple qu’on insulte de toutes manières, et qui, dans ces assemblées tumultueuses, peut être comparé à un magasin de poudre auprès duquel on fait un grand feu. La France a évité jusqu’à ce jour tant de dangers, qu'il faut compter que la Providence détournera encore ceux qu'on appelle dans ce moment. (Arch. Bernay.)

LXXXV.— Aux officiers municipaux de Bernay. Paris, Le 18 maï 1790.

Messieurs, j'avais prévu les efforts qu’on ne manquerait pas de faire pour égarer l'esprit des peuples et pour allumer les torches du fanatisme ; je sais qu'il eût été imprudent et peut-être inutile de faire ces tentatives