Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

164 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

rieure, sont l'effet du désespoir de ces tyrans humiliés, qui préfèrent s’ensevelir sous les ruines de leur patrie à la gloire de contribuer sincèrement à sa prospérité. Les malheurs de la plupart des villes exposées aux insurrections proviennent du mauvais choix des officiers ; l’intrigue l’a emporté sur le patriotisme. Le peuple ne connaît pas encore assez ses amis, et il prend pour défendre sa cause ses persécuteurs. Une ville, que j'aurais bien voulu ne pas enclaver dans notre département, vous donnera de l'inquiétude, Vernon a deux municipalités, deux gardes nationales. Les têtes y sont exaltées : il y a lieu de craindre qu’on n’en vienne encore aux mains dans cette malheureuse ville. Un citoyen, se disant patriote, débite dans votre département un imprimé tendant à prouver la nécessité de faire un district à Conches. S'il se connaît en patriotisme autant qu'en géographie, il ne sera pas très utile à ses concitoyens; il a fourni une échelle toute neuve pour calculer les distances ; il trouve deux ou trois lieues là où on est accoutumé à en parcourir cinq, six, sept et même huit ; il réduit en villages des villes dont la population est nombreuse; il parle des départements divisés en neuf districts, il ne parle pas de ceux divisés en trois, quatre ou cinq ; il forme un arrondissement autour de Conches, comme s’il existait un village un peu éloigné des côtes maritimes, qu'on ne pût également prendre pour centre d’un arrondissement. Vous recevrez incessamment une lettre imprimée relative à la division du département. Nous ne pourrons, je crois, rien ajouter de relatif aux observations du patriote de Conches qui nous sont arrivées trop tard. Aujourd'hui probablement sera décidée la grande question du droit de la guerre. Il est difficile de ne pas laisser au monarque le droit périlleux de la guerre défensive, il ne s’agit que de prendre de justes mesures pour empêcher les abus de l’exercice de ce droit. La guerre offensive sera vraisemblablement proscrite... Mais en