Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (20 MAI 1790) 167

est des moments où on croirait que l'enfer est déchaîné, pour animer ces énergumènes qui sont cependant les soutiens de la religion et du trône, et les amis du peuple, si on les croit.

Je suis fâché des difficultés que vous éprouvez avec vos collègues : un prince oublie difficilement le ton d’un souverain; c'est une langue qu'il faut cependant désapprendre. Un apothicaire ne va pas toujours franchement au-devant de son homme; je crois bien que le vôtre a quelques portes de derrière. M. Buzot a dû recevoir votre lettre commune : il oubliait de m'en parler. Je l'ai mis sur la voie ; il a feint d’ignorer que vous convoquiez les assemblées primaires pour le 26 de ce mois.

Si vous nous mettez à portée d’avoir quelque correspondance, je prévois qu’elle sera un peu irrégulière et languissante. M. Buzot aura la prétention d’être le seul faiseur, et il est un peu paresseux et indécis... Je crois qu'il n'est pas sans quelque intrigue, de concert avec M. Letellier. Observez seulement de me passer une notice des objets des lettres communes qui pourront être écrites de votre part. (Papiers KR. Lindet.)

LXXXVIIL— Aux officiers municipaux de Bernay. (Sans date) (1).

Messieurs, je vous envoie le décret (2) peut-être le plus important qui ait été rendu pendant la session; il est débattu depuis huit jours, il est six heures du soir, les acclamations et les battements de mains retentissent encore dans les jardins des Tuileries, et portent au château la nouvelle qu'on ne sera pas très satisfait d'y apprendre. Je parle des intrigants qui y habitent

(x) La séance du 22 mai se termina au milieu des applaudissements. Voir le Moniteur, réimpression, IV, 437, et la note (p.444) sur l'attitude singulière de Mirabeau.

(2) Décret du 22 mai 1790 concernant le-droit de faire la paix et la guerre,