Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (11 JUIN 1790) 183

la vente ou la régie des biens nationaux, la manutention des deniers publics, perception et paiement, les diocèses, séminaires, collèges, paroisses, les routes et chemins, bois et forêts, tous ces articles fourniront aux administrateurs une multitude d’affaires, qui exigeront sans doute une grande activité et une grande assiduité, qu'on ne pourrait pas concilier avec la nécessité de suivre les travaux de l’Assemblée nationale.

Le seul désir du bien public m'impose cette réflexion, dûüt-elle être contraire aux vœux et à l'espérance de quelques personnes que j'aime et que j'estime.

Le clergé, malgré ses protestations de ne pas délibérer, s’avisa de délibérer hier z#promptu, et manqua d’emporter un décret. (Arch. Bernay.)

XCVII. — À À. Lindet. Le 11 juin 1790.

Mon frère, je vous écris ce matin à votre adresse à Evreux : ma lettre sera arrivée avant vous.

[Cette lettre est relative à l'affaire de Vernon, à celle de Drucourt, dont les municipalités ont fini par s'entendre, et à des emplois que M. Buzot voudrait pour ses parents..., enfin à l'interprétation des dispositions qui règlent la tenue de ces assemblées départementales.]

Voilà donc les grilles forcées, et vos nonnes vont prendre le large{1). Il n’est pas encore facile de juger le nombre de celles qui jouiront du bénéfice de la liberté. Des oïseaux apprivoisés resteront quelque temps dans une cage ouverte; il en sort un qui ne revient pas; les autres qui le voient s’ébattre dans le voisinage ne tardent pas à le suivre. Cependant les religieuses âgées et celles qui appartiennent à des familles peu aisées resteront.

Hommage rendu aux défenseurs de la liberté des

(1) Voir le décret du 13 février 1790.