Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

‘1806 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

saire de la fondation de la liberté française ne pouvait être célébré par des événements plus importants que ceux dont il fut rendu compte dans la séance du soir prolongée jusqu’à près d’une heure après minuit.

Ceux qui ont signé, en qualité de président et commissaires, les adresses des séditieux catholiques de Nîmes et d'Uzés sont mandés à la barre et privés de l’exercice des droits des citoyens actifs jusqu’à ce qu'ils aient obéi (1). Le roi sera supplié de donner des ordres pour qu’il soit informé par le présidial de Nîmes, sur le fait des violences commises dans cette ville. Le parti de l'opposition employa tous les moyens ordinaires pour empêcher ce décret. Ces braves champions furent singulièrement déconcertés quand on fit le récit de l'aventure du vicomte de Mirabeau, et la lecture de l'adresse de la municipalité de Perpignan (2).

Plusieurs pamphlets se débitaient dans lesquels on célébrait ce voyageur; mais on n'avait pas prévu que son jeu pourrait devenir aussi sérieux. Un courrier expédié le 13, de Perpignan, arriva hier au soir chargé d’une dépêche de la municipalité de Perpignan qui apprend que M. le vicomte de Mirabeau a violé les droits de l’hospitalité qui lui a été accordée par le maire de cette ville. Le régiment de Touraine déposa les drapeaux et la caisse chez le maire, M. d'Aguylar, en exigeant qu’il en répondit personnellement, ce que fit cet officier estimé et aimé. Sur la réquisition des officiers municipaux, M. de Mirabeau fut obligé de sortir de la ville à 5 heures du matin. Sur les 10 heures, les soldats vinrent demander leurs drapeaux : le maire fut interdit et les soldats indignés en trouvant les drapeaux dénaturés et les cravates enlevées, Le maire courut le plus grand danger; il s'excusa sur ce qu’il croyait avoir logé un honnête.hommme. Le régi-

(1) Voir décret du 7 juin 1790 sur les mesures à prendre par suite des délibérations des soi-disant catholiques de Nîmes et d'Uzès. (2) Cette lettre est rapportée in extenso dans le Moniteur, IV, 661.