Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (22 JUIN 1790) 191 CII ANR. Lindet \ Le o2kjuin 1700:

L'assemblée électorale de Nîmes faisait ses élections avec beaucoup de tranquillité, et ne nommaïit que des patriotes. Le parti opposé s’est désespéré; le trouble a commencé par les gardes nationaux qui portèrent jadis la cocarde blanche, et qui ont adopté en signe de ralliement la houppe rouge. Les commissaires du roi ont interpellé la municipalité de proclamer la loi martiale et de requérir les régiments. Les officiers municipaux, deux heures après, ont proclamé cette loi effrayante à la tête des compagnies à houppe rouge, et n’ont pas requis les troupes de ligne. Les soldats se sont joints aux patriotes. On a enlevé une tour d'où on faisait feu sur eux, et dans laquelleon avait mis d'avance despierriers et autres armes. On a livré l'assaut au couvent des capucins. Quatrevingts hommes ont été tués dans cette cruelle expédition. Les officiers municipaux ont pris la fuite, quelques-uns ont été mis en prison.

Le maire et l'évêque, tous deux députés, ont voulu prendre la défense de leurs compatriotes : leurs partisans les ont appuyés avec une espèce de fureur (1.) I a été décrété hier que le roi serait supplié de proroger et d'étendre les pouvoirs des commissaires à la formation du département de Nîmes, dont on a beaucoup à se louer, jusqu’au rétablissement de la tranquillité dans cette ville. On leur remet la force civile, et le droit de requérir les troupes, et on en prive provisoirement les officiers municipaux. On va s'occuper des titulaires actuels des bénéfices, ensuite des militaires. Cela renvoie l'ordre judiciaire un peu loin.

Je ne sais ce que deviendra la feuille des nouveaux

(1, Moniteur, IV, 687.