Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

A LONDRES. 91

31 janvier, 3 et 7 du mois courant. Je me suis fait un devoir de les mettre sous les yeux du Roi et de son conseil. Sa Majesté en a entendu la lecture avec toute l'attention qu'exigeait l'importance des objets qui y sont traités, et je ne perds pas un instant à vous informer du point de vue sous lequel Sa Majesté les à envisagés, ainsi que les déterminations auxquelles elle a jugé devoir s’arrêter. Je dois commencer par vous assurer, Monsieur, que le Roi a vu avec une véritable satisfaction les dispositions favorables que vous avez rencontrées dans les ministres anglais et l'espoir certain où vous êtes qu’on pourra, si la guerre éclate, les amener à une neutralité franche etloyale, même à une alliance, et à la garantie réciproque de nos colonies. Vous pensez, Monsieur, que le moyen le plus sr et le plus efficace pour accélérer les résolutions des ministres britanniques serait l'armement d’une escadre dans le port de Brest. Nous devons conclure de là que vous entrevoyez quelque incertitude dans leurs dispositions, et que votre opinion est que nous la ferons cesser en prenantune attitude imposante. Mais pouvons-nous nous flatter que l’éffet répondra à votre attente ? N’est-il pas à craindre plutôt que la cour de Londres, prenant nos démonstrations pour une menace indirecte, n’imite notre exemple, et qu’au lieu d’affermir la bonne intelligence entre les deux nations, nous ne provoquions une rupture ? Ne nous faisons pas illusion sur notre position et sur celle de la Grande-Bretagne. Vous connaissez trop bien l’une et l'autre pour que j'en fasse le déve-