Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

396 MISSION DE TALLEYRAND

Vous aurez pu voir, Monsieur, dans une lettre que M. de Talleyrand écrivait le 3 mars à M. Delessart, que le ministère britannique voit d’un œil jaloux le trop grand accroissement de ces deux puissances, et cela doit être. La Prusse est, à plus forte raison, dans le même cas. Son intérêt s'oppose à tout agrandissement, soit de la Russie, soit de l'Autriche, surtout du côté de la Pologne; et lors même qu’on lui supposerait encore des vues sur Danzig et Thorn', elle parviendrait aussi sûrement et plus utilement pour elle à les réaliser en s’entendant avec la Pologne, et en contribuant ainsi à éloigner de ses frontières des voisins aussi dangereux que les Russes.

La part que la cour de Berlin avait prise à la révolution polonaise, les conseils qu’elle a donnés à la cour de Varsovie depuis cette époque sont connus; il n’est donc pas douteux qu’elle ne voie d’un œil jaloux le ton despotique et tranchant de la Russie et surtout

pour combattre l'influence oligarchique des magnats, avait fait modifier cette Constitution dans Le sens démocratique et républicain.

Une diète s'était de nouveau réunie, repoussait la garantie de la Russie et modiliait la Constilution.

Le gouvernement russe prétendit que les modifications apportées à la Constitution, en rendant le trône héréditaire, avaient substitué la monarchie à la république et asservi la Pologne!

L'Impératrice de Russie, venant au secours de la minorité qu’elle déclarait opprimée, fit entrer en Pologne ses armées victorieuses; il y avait lieu d'espérer que cette politique d'intervention ne rencontrerait pas l'appui de l'Angleterre.

1 C’est en août 1792 qu’aura lieu le second partage de la Pologne, et le Roi de Prusse obtiendra Danzig et Thorn; ses vues étaient donc très rapprochées.