Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

A LONDRES. 381

expliquer avec M. de Talleyrand pour lequel vous demandez un congé. Je crois comme vous, Monsieur, que son séjour à Paris peut devenir utile à la mission dont vous êtes chargé, et que cette manière de nous communiquer réciproquement nos vues sera plus précise, plus facile et plus sûre. Je l'autorise en conséquence à quitter Londres et à venir passer quinze jours avec nous. Nous tâcherons d'employer ces moments

au plus grand avantage de la chose publique .

1 On lit dans la Gazelte nationale du mardi 10 juillet 1792 : « Paris, le 9 juillet.

« M. Talleyrand a reçu un congé du ministre des affaires étrangères pour venir lui rendre compte des nouvelles ouvertures que la légation de France a faites au gouvernement anglais.

« Les bons patriotes qui s'intéressent au succès de celte légation, la seule peut-être qui, dans les circonstances, ait fait réellement quelque chose, voient avec plaisir l'acharnement que la Gazette universelle manifeste contre elle; mais en vérité, cetle gazette s’est montrée un peu trop maladroite le 3 juillet; elle rapporte une lettre qu'elle dit avoir été écrite à M. Chauvelin par lord Grenville, le 25 juin dernier, et dans laquelle le ministre observe à M. Chauvelin qu'il s'est écarté des formes diplomatiques en lui demandant la veille (24 juin) de faire part aux deux Chambres du Parlement de la note officielle qu'il lui adressait.

« Si le fait était exact, il faudrait en conclure que M. Chauvelin parlait en ce moment à lord Grenville comme membre du Parlement, et non comme ministre, et qu’il en est résulté un léger malentendu, que la première explication a dû nécessairement dissiper ; mais une observation simple se présente : le Parlement élait en vacances depuis le 15 juin jusqu’au 30 août, et la Gazette universelle, elle-même, ne l'ignorait pas, car elle l’a annoncé dans le temps. Comment donc a-t-elle pu dire sérieusement que, le 24 juin, M. Chauvelin pressait lord Grenville de communiquer sa note aux deux Chambres du Parlement ? »

Cette défense habile permet de croire, avec quelques historiens,