Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

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aussi content pour moi que pour lui, et son amitié ne veut rien trouver d’impossible. Il faut cependant céder aux circonstances, et voici ce dont nous sommes convenus. Si (ce que je ne puis supposer) M. de Lafayette refusait Metz et le commandementde la troisième armée, il m'y emploierait, sans cela je ne puis l’être en chef que hors de ces trois armées et dans des parties où il n’y aurait pas la moindre chance d'activité. Je pourrais être maréchal général des logis de l’armée de M. de Rochambeau; mais ce serait près de lui une place insupportable et d’une fatigue que ma santé ne supporterait pas. Je voudrais être employé à Dunkerque dès que je serai lieutenant général. Le voisinage d’Ostende rend ce point intéressant, et la chance d’un débarquement de troupes russes et suédoises peut rendre ce poste d’une importance brillante. Narbonne fera tout ce qu’il pourra pour s'arranger; cela souffrira peut-être quelques difficultés, parce que M. d'Elbecq, mon ancien de trois ou quatre rangs, excellent homme, peu militaire à la vérité, a été employé à Dunkerque comme maréchal de camp, et voudra peut-être y rester comme lieutenant général. Dans ce cas, je prendrai une autre division dans l’armée de M. de Rochambeau, et le sort décidera du reste. Tout ce que je demande à Narbonne, c'est, dès que nous n’aurons plus la guerre à craindre, de me laisser aller en Corse, où il pourra m’arranger plus commodément et plus agréablement que je ne pouvais l’espérer. M. de Rochambeau quittera Narbonne à Metz pour aller à Paris. Je serai indispensa-