Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

A LONDRES. #3

dernier; qu'il avait passé chez moi le lendemain dans le but de s'entendre avec moi à ce sujet, et que, n'ayant pu recevoir chez lui les ministres étrangers à cause des débats, qui rendaient indispensable sa présence continuelle à l'Assemblée, il profitait de cette occasion pour m'en entretenir. Il ajouta que, M. l'Évêque devant faire un détour, ma dépêche, selon toutes les probabilités, parviendrait à Votre Excellence avant l’arrivée de M. l’Évêque à Londres. J'ai tout lieu de croire qu'il se trompe dans son calcul. M. de Périgord est muni de lettres de recommandation de M. le ministre; on ne saurait les appeler lettres de créance, vu qu'il serait inconstitutionnel de sa part de jouer un rôle public quelconque. Je crois que le duc de Biron laccompagnera à Londres, quoique M. Delessart ne m'en ait pas fait mention.

D’après les discours de M. Brissot et de M. Vergniaud dans les débats de cette semaine, il semblerait que les Jacobins désirent la guerre; mais il y en à un grand nombre, disciples de M. Robespierre, qui cherchent à l’éviter par des négociations.

Les dernières dépèches de M. de Sainte-Croix, de Coblence, me porteraient à supposer que les troupes françaises ne pourront pas trouver de prétexte pour franchir le Rhin en ce moment. Ou bien les émigrés se dispersent, ou bien ils se retirent.

L'Assemblée n’a pas encore décidé s’il serait à propos de déclarer la guerre à l'Empereur, ou s'il serait préfé-

rable d’arriver à un accord en négociant.