Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

286 CORRESPONDANCE DE LA FAYETTE

mon paternel ami n'ont pas besoin d'être excitées, et c'est parce que je crois ma lettre inutile que je voudrais l'écrire. Mais, outre que je n’en ai pas le moyen, on ne se chargerait pas d’une lettre destinée à voyager. [M. Fox, va, dites-vous, être à la tête du ministère anglais; je m'en réjouis pour moi, et plus encore pour lhumanité. Il ne s’agit plus de petits calculs diplomatiques, et s’il est vrai que les chefs survivants en France soient réellement convertis', ce dont je doute fort, le traité de paix peut réparer une partie des crimes du despotisme et de l'anarchie. Il peut donner de grandes espérances aux vrais amis de la liberté, mais la politique philanthropique doit, comme toute autre, être exclue de cette lettre. Je crains, je l'avoue, que les combinaisons qui se préparent ne me tirent pas plus d'ici que celles qu'avait produites le traité de Pilnitz?.

Adieu, mon cher et généreux ami. Je vous recommande encore une fois la prudence. Elle est essentielle pour celui auquel je dois le bonheur de vous offrir tous les sentiments de la plus tendre reconnaissance et de l’éternelle amitié que mon cœur vous a vouées*. Quoiqu'il ne m'ait pas été possible de conserver les lettres de M®° d'Hénin, vous ne doutez pas, j'espère, que les soins de son amitié me sont toujours présents, et particulièrement ceux que vous partagez avec elle*.] Savez-vous ce qu'est devenu

1. Bollmann a informé La Fayette de la réaction thermidorienne commencée depuis deux mois (27 juillet 179%, 9 thermidor an If).

2. Cf. la notice sur la lettre XIV.

3. Dernière flatterie à l'adresse de Haberlein,

4. C'est-à-dire : « Je reconnais dans votre tentative actuelle, combinée d'accord avec M®° d'Hénin, une nouvelle preuve de l'intérêt qu'elle me porte. » On voit que les nombreuses coupures faites dans cette lettre par les éditeurs des Mémoires, lui enleyaient tout son caractère, et même la rendaient entièrement inintelligible.