Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

378 CORRESPONDANCE DE LA FAYETTE

lution!. Vous savez que, depuis ma sortie d’Olmütz, cest l'objet de mon ambition. Mais comment s'associer à ce qu'on fait, tant que la liberté sera proscrite et ajournée ?

Mais puis-je espérer des choses difficiles quand il n’a tenu qu'à mes amis de me placer ici dans la plus agréable situation? On savait que Brune était mon ennemi; si on avait mis le moindre intérêt à léloigner de Hollande, on aurait découvert que lui-même demandait à la quitter, que les gouvernants français et bataves étaient du même avis, qu'au moment de l'invasion on voulait le remplacer, que pendant linvasion il ne fallait presque rien pour qu’il le füt, que le mécontentement général n'a cédé qu’à la dernière victoire qu'on lui doit personnellement et au succès qui, suivant l'usage, l’a rendu populaire et puissant; or que serait-il arrivé? George, Victor et Charles auraient été à l’armée; je m'y serais porté comme volontaire au moment du danger; il ne faut pas beaucoup de réflexions pour sentir la différence de cette position à celle où nous sommes, surtout si nous avions eu pour général en chef un de nos amis; il eût été facile, cet été, de persuader à Lefèvre* de solliciter ce commandement; au reste, tout autre que Brune parmi les généraux de la République aurait levé le seul obstacle qui pût empêcher cette circonstance de tourner avantageusement pour nous; il n'y a plus qu’à se réjouir des triomphes, et je le fais de tout mon cœur; rien de plus juste que les fêtes* dont

1. Entre autres articles qu'il prévoit est celui qu’il signale dans la lettre à Clarkson (XLII) relativement à l'abolition de l'esclavage,

2. Souvenirs en sortant de prison, IV, 360.

3. A l’occasion de la victoire de Kastricum, remportée par Brune sur les Anglo-Russes le 6 octobre 1799 (V, 139).