Correspondance politique et confidentielle inèdite de Louis XVI, avec ses frères, et plusieurs personnes célèbres, pendant les dernières années de son règne, et jusqu'à sa mort

138 CORRESPONDANCE

Ce fut, dans ce moment critique, que le roi, cffrayé par l’idée des désastres auxquels il alloit livrer son royaume, ordonna aux troupes de sortir de Paris.

Cette lettre, au comte d'Artois, nous fait connoître les acteurs principaux de cette entreprise périlleuse ; et les expressions, dont le roi se sert, nous donnent lieu de soupconner qu’il en sentoit tout le danger, puisqu'il s’occupe moins de l’attaque , que du mal qui résulteroit de la résistance. |

Le peuple n’avoit pas, il est vrai,des troupes aguerries et disciplineés pour le soutenir; mais il sentoit qu’il avoit ce qui valoïit mieux que toutes les orgueilleuses combinaisons du pou‘voir militaire, Que pouvoit , en effet, un coup d'autorité, ou ce grand äcte de pouvoir que le comte d'Artois recommandoit si forte‘ment, contre toute une nation armée par l'enthousiasme , l’indignation et l’espérance ?

“Le roi avoit mieux raisonné, et mieux calculé les résultats. Cette fois, au moins, au milieu de ses irrésolutions et de son inconstance, il

avoit heureusement eu la force de persévérer ;