Correspondance politique et confidentielle inèdite de Louis XVI, avec ses frères, et plusieurs personnes célèbres, pendant les dernières années de son règne, et jusqu'à sa mort

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On a toujours distingué le comte d'Artois comme le plus zélé et le plus déterminé partisan des mesures violentes. Lâche fugitif de sa patrie, après la prise de la Bastille et la retraite de l’armée ; qui avoit été rassemblée pour dissoudre l'assemblée nationale , il parle fièrement , à son frère, de courage et de résistance ; et äl ose mêler des reproches à ses plaintes: La réponse du roi, à ces reproches; est pleine de dignité ; et il est aisé de juger , par cetté réponse , de la nature del’accusationr. « J’aurois donné , il est vrai, dit le roi, le signal du carnage, et des milliers de Français auroient été immolés. » Le comte, en sûreté au-delà du Rhin, étoit certain de la victoire, si le combat avoit eu lieu. Mais le roi en avoit calculé plus froidement les chances; il passe en revue les ennemis qu'il avoit à combattre; l’énumération n’en est pas si digne de mépris; elle étoit composée de tous les ordres de l'Etat, de tout le peuple armé contre lui, de toute l’armée, qui avoit oublié ses sermens, Vhonneur et son roi. La cour n’avoit d'autre appui que ses courtisans et ses conseillers ; et même les principaux , à la première explosion ; avoient cherché leur salut dans la fuite,