Correspondance politique et confidentielle inèdite de Louis XVI, avec ses frères, et plusieurs personnes célèbres, pendant les dernières années de son règne, et jusqu'à sa mort

DE LOUIS XVL 169

D'EXTTOUE XXE A M. le comte d'Estaing.

Versailles, 5 Oct. 1789, 7 h. du seir.

Vous voulez, mon cousin, que je mæ# prononce dans les circonstances critiques où je me trouve, et que je prenne un parti violent, que j’emploie une légitime défense, ou que je m’loigne de Versailles. Quelle que soit l'audace de mes ennemis, ils ne réussiront pas; le Français est incapable d’un régicide. C’est en vain qu'on verse l'or à pleines mains, que le crime et l'ambition s’agitent; j'ose croire que ce danger n’est pis aussi pressant que mes amis se le persuadent. La fuite me perdroit totalement, et la guerre civile en seroit le funeste résultat. Me défendre, il faudroit verser le sang des Français, mon cœur ne peut se familiariser avec cette affreuse idée. Âgissons avec prudence ; si je succombe, du moins je n'aurai