Correspondance politique et confidentielle inèdite de Louis XVI, avec ses frères, et plusieurs personnes célèbres, pendant les dernières années de son règne, et jusqu'à sa mort

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les intérêts de plusieurs personnes puissantes : mais comme il montroit, dans cette réforme , un désintéressement avantageux pour la nation ; et sur-tout pour le pauvre; l’enthousiasme le plus vif en fut le résultat, et lui fit donner le surnom honorable de perlueux, qu’il a toujours conservé depuis.

Avec cetappui, M. Turgot entreprit la régénération totale de la France. Chaque réforme qu'il fit ou qu’il proposa , lui attira une foule d’ennemis. Il devoit s’y attendre ; il lui étoit impossible d’améliorer le sort du peuple, sans attaquer les priviléges et la puissance des grands ; et il étoit difficile de les faire consentir à se voir dépouillés , sans exciter leurs clameurs et leur haine. Il leur opposoit les bénédictions des malheureux qu’il soulageoit ou qu'il enrichissoit; et l’approbation du roi le soutenoit contre les calomnies et les menaces de la cour. Il paroît même qu'il ne fut pas insensible à l’hommage que lui présentèrent les Muses, par l’organe du philosophe de Ferney.

Voltaire qui avoit si souvent prostitué sa