Cour d'appel de Lyon. Procès-verbal de l'audience solennelle de rentrée le 4 Novembre 1873. Camille Jordan

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tidor, il eut la plus grande peine à l'arracher de son lit et à l’entraîner dans une retraite provisoire qui lui avait été préparée chez Mme de Grimaldi. Dès le lendemain, il faisait imprimer en secret et distribuer sous le titre d'cdvis à mes commerrants un écrit virulent où il stigmatisait le coup d'Etat des jacobins.

Mais De Gérando veillait sur lui (1) « avec ce zèle « das l'amitié qu'on lui connut toujours et quis'enhar« dissait alors de tout le feu de la jeunesse. » 11 prit en main, selon sa propre expression, les affaires d'un exil qu'il voulait partager et n'eut de repos que quand, grâce à lui, son ami eut passé la frontière. Les deux inséparables, Oreste et Pylade, comme on les appela depuis, se rendirent d’abord à Bâle, puis en Souabe, à Tubingue et à Weimar. À peine arrivé en exil, Camille Jordan publia une nouvelle protestation, plus développée que la première, dans laquelle il réfutait un à un tous les mensonges accumulés par les vainqueurs pour justifier leur attentat. Les épreuves avaient beau se multiplier, le découragement ne pénétrait pas dans cette âme vaillante. Il donnait pour épigraphe à son écrit ces vers consolants de Virgile :

O socii neque enim ignari sumus ante Halohiss

O passi graviora, dabit Deus his quoque finem,

et il le terminait par ces paroles : « Après un sieffroyable « revers, que le désespoir du salut de la patrie ne gagne

(1) Sainte-Beuve : Cumille Jordun et Madame de Stuël,