Cour d'appel de Lyon. Procès-verbal de l'audience solennelle de rentrée le 4 Novembre 1873. Camille Jordan
23 avait connu déjà à Vizille et avec lequel il se lia d'une étroite amitié.
Camille Jordan revint en France en février 1800. C'était le temps où, sous la puissante main du premier Consul, les convulsions qui agitaient depuis si longtemps notre malheureux pays s'étaient apaisées. L'ordre se rétablissait, la Vendée était pacifiée, les émigrés rentraient en France. Les temples étaient rendus au culte, et le catholicisme venait d'être restauré par le Concordat. L’Autriche, écrasée à Marengo et à Hohenlinden, se retirait derrière l’Adige et nous cédait la frontière du Rhin. L'Angleterre elle-même, fatiguée de soutenir à grands frais cette guerre maritime où elle nous avait infligé tant d'échecs, signait la paix d'Amiens aux applaudissements de deux peuples avides de repos.
Tant de bienfaits et tant de gloire étaient de nature à éblouir même des esprits indépendants, et Jordan qui avait vu de près les horreurs de la Révolution, Jordan qui avait subi le siége de Lyon, Jordan deux fois exilé et proscrit, aurait été excusable de céder à cet entraînement. Il n’en fut rien! Tandis que d'autres, Les anciens jacobins surtout, se transformaient en courtisans pour obtenir Les faveurs de la cour nouvelle, Camille Jordan conserva au contraire une attitude froidement réservée, et quand le premier Consul, venu à Lyon pour y tenir la Consulte cisalpine, demanda à le voir et lui fit les propositions les plus brillantes pour l’attacher à son gouvernement, il refusa respectueusement. Il semble que, dès cette époque, sous le bienfaiteur il pressentit le