Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793
230 DANTON ÉMIGRÉ.
elle l'impiété de refuser une demande fondée sur des principes éternels, sur la raison invariable? Les eaux limpides se réunissent au premier point de contact, les peuples éclairés se réunissent au premier aperçu des lois éternelles. Newton à réuni tous les philosophes par la découverte physique; je réunirai tous les hommes par ma découverte politique. Chaque peuple libre reconnaîtra mon principe, en évaluant les avantages inestimables de l'unité souveraine; or, si tous les peuples déclarent la même vérité, les mêmes droits, il en résulte naturellement une seule nation dont la paix ne sera jamais troublée par des voisins jaloux, ni par des factieux turbulents. Le mensonge porte la discorde d'un pôle à l’autre; la vérité portera la concorde d'un hémisphère à l’autre.
Les quatorze ou quinze prétendus souverains de l’Amérique septentrionale, ont été forcés, par sa nature, de remettre la souveraineté provisoire dans la grande communauté que représente le Congrès, pendant que chaque section particulière conserve une dénomination sans objet et une législature inutile. Les fédérés français communiqueront aux fédéralistes américains le vrai système social, par la fusion des masses, par la confédération des individus. La liberté n'a qu'un formulaire. Permis cependant à chaque canton, à chaque individu de se gouverner à sa guise, pourvu que sa manière d'être ne nuise pas à celle d'un canton voisin ou éloigné. Le charbonnier est maître de faire chez lui tout ce qui ne nuit pas à autrui. Il en est de même d’une commune, d’un district, d’un département, et de toutes les peuplades qui se croient souveraines. Mais le genre humain ne doit trouver aucune résistance nulle part : il ne souffre pas de coassocié.
I n'y à pas d'autorité plus tutélaire que celle du genre humain; il donne la plus grande latitude à chaque section de l'empire, tous les individus, sous son gouvernement, jouiront d'une égale portion de liberté. S'agit-il de payer l'impôt (et qu'est-ce que c'est que l'impôt dans une république sans voisins ?), il fixe à chacun sa quote-part, sans rien prescrire sur le mode de perception. Veut-on être jugé par des formes tortueuses, où par des jurys et des arbitres? Veut-on des électeurs pour nommer ses représentants? Préfère-t-on ici l'appel nominal, et ailleurs le scrutin fermé? Veut-on une faculté de médecine et une faculté de théologie, des médecins du corps et de prétendus médecins de l'âme? Qu'importe à la société, pourvu que l'impôt rentre et que les députés arrivent en raison de la répartition universelle; chacun fera le déboursé de ses fantaisies particulières. La différence des costumes, des cultures et des cultes ne troublera point l'harmonie sociale,