Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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« L'Empereur trouvait le capitaine Cubières trop jeune « pour l’avancer; ce dernier heureusement inspiré, s'éeria « avec celte hardiesse qui était loin de déplaire à Napo« léon : J’ai pourtant l'âge qu'avait le général en chef « de l'armée d'Italie, ni plus ni moins. Cette repartie, dont « Napoléon ne pouvait manquer de se faire l’application, « atlira à celui qui l’avait hasardée un assez rude soufflet « de la main impériale, mais elle lui valut le grade de « chef de bataillon ( 8“octobre 1812), et l’un de ces « regards d’aigle qui perçaient à jour le moral d'un « homme.»

La retraite de Moscou, ses misères, ses incidents désastreux, mirent à l'épreuve l'énergie morale et physique du commandant Cubières, qui sarmonta les périls, les privations et l'intempérie de cet hiver destrueteur ; il trouva la force d’aider plusieurs de ses amis, de les arracher à une mort certaine, de faire le salut d'une femme (1) et de son enfant qui fuyaient les flammes de Moscou. La campagne de 1813 fut pour lui l’occasion de nouveaux succès et de nouvelles récompenses. Le 2 mai, à Lutzen, il dirigea le mouvement du régiment croate d’Ogulin. Le 3, à la tête d’un escadron de lanciers napolitains, il se fit jour au travers d’une masse de Cosaques, pour porter des ordres au grand pare d'artillerie du 4* corps, qui était resté à 6 lieues du champ de bataille. À Leipzig, à la défense de Lindenau, à l'enlèvement de Costheim, il gagna la eroix d’officier de la légion-d’'Honneur et le grade de colonel que

(1) Madame Lavaud, femme d’un libraire français, fixé à Moscou, dont l'établissement et toute la fortune avaient été la proie des flammes: le récit plein d'intérêt des maux et des périls auxquels celte dame avait été exposée et la force d'âme dont elle avait donné d’admirables preuves, valut à l’héroïne de ce roman trop véritable la protection de la famille de Napoléon et plus tard celle de l’empereur Alexandre, qui envoya son frère Constantin remercier le colonel Gubières et-se chargea de réparer tant de désastres en faisant de M. Lavaud son bibliothécaire,