Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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devons attribuer nos erreurs; je dirai presque nos bévues, dans l'application aux économies commereiales , agricoles et militaires des théories de la science hippique et des essais de l’hippodrome.

1 n’y a rien d’hypothétique dans ce que j’avance : voulez-vous en êlre. convaincus, messieurs ? portez vos regards hors de France, en Angleterre et en Allemagne, vous n’y verrez point de charrettes; mais, en revanche, vous y trouverez de belles routes, moins chèrement entretenues que les nôtres et constamment en bon état. Vous y verrez des races nombreuses de chevaux propres à tirer et à être montés, ce qui permet à ces pays, et surtout à l’Allemagne, d’entretenir une bonne cavalerie et de la remonter facilement. Voilà, messieurs, les avantages dont jouissent des pays qui ne possèdent pas de charrelles et où les transports ont lieu sur des chariots légers , avec prohibition des chargements excessifs.

Nous sommes done fondés à dire que la charrette est la cause de notre infériorité sous le rapport des routes et des chevaux.

En effet, n’est-ce pas devant la charrette que sont venus échouer, depuis cinquante ans, les soins, les caleuls, les efforts, la science enfin des ponts et chaussées ?

Qui a fait croire si longtemps à nos ingénieurs que les empierrements des chaussées devaient avoir plus de 50 centimètres de profondeur, et qu’il fallait y employer les grosses pierres ? la charrette. Qui a rendu si tardive en France l'adoption du système Mac-Adam? Qui a fait croire si longtemps que ce système n’était pas applicable sur notre sol? la charrette. Quel est l'ennemi acharné de nos routes et qui travaille constamment à les dégrader? la charrette, toujours la charrette.