Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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coustance, je me suis décidé à aborder ia tribune ; ou peut hésiter alors qu'il s’agit d’une question si souvent débattue, alors qu'il faut traiter de nouveau une matière qui pourrait vous paraître épuisée par les débats antérieurs, bien qu'à mon avis elle offre encore un vaste champ à la discussion.

Une conviction profonde peut seule inspirer le courage nécessaire pour répéter, jusqu’à satiété, des vériétés qu’on croit utiles : en pareil cas c’est la conscience qui impose le devoir de persister. Mais, je lavouerai, ce devoir dificile autant que pénible à remplir, n’aurait pas renconiré en moi la résolution nécessaire à son accomplissement, si je ne me fusse rappelé que l'attention de la chambre n’a jamais fait défaut à personne daus les questions qui touchent aux grands intérêts du pays.

Quel sujet plus important en effet que celui qui vous occupe ? quoi de plus grave dans ses conséquences qu’une loi sur le recrutement de l’armée? Quel problème plus utile à résoudre que celui qui doit donner les moyens de proportionner les forces militaires du royaume aux nécessités de sa défense, aux ressources de sa population et de ses finances? C’est là réellement tout ce qu’embrasse une loi sur le recrutement ; c’est là aussi ce qui peut servir à expliquer combien une pareïlle loi est difficile à bien faire, et pee les pouvoirs de l'Etat ne sont point parvenus jusqu’iei à la concevoir d’un seul jet, ni à la rédiger du premier coup , malgré les bonnes intentions de chacun, malgré les lumières de l’illustre maréchal ministre de la guerre. e

Certainement vous n’eûtes jamais à délibérer sur de plus grands intérêts que ceux-là ; jamais aussi les dispositions

organiques de notre état EEE ne furent examinées