Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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ment, action le plus souvent méritoire, quoique si mal appréciée. à

La science statistique qu’on applique à tout aujourd’hui, et qui n’est point exempte d'erreurs pour les appréciations morales, a étalé sous vos yeux des chiffres afigeants pour la moralité des remplaçants ; elle additionne les méfaits de quelques-uns ; mais la statistique n’a pas de colonnes pour le dévouement à la famille, pour l’abnégation de soi-même; les tableaux de la statistique ne savent point enregistrer, et n’admettent point en ligne de compte toutes ces misères poignantes qui font qu'un fils vend son corps pour en nourrir des parents infirmes.

Gessons donc d'attribuer à tous les remplaçants les torts de quelques-uns, et ces torts mêmes, cessons de les exagérer, d’en faire des crimes irrémissibles ; n’y voyons que le résultat de la faiblesse humaine aux prises avec les tentations que l'argent peut satisfaire.

Le devoir du gouverneruent est de fortifier contre elles $ la jeunesse de notre armée, en lui épargnant les exem] , ples et les occasions qui entraînent à la dépravation.

C’est là, en effet, l’écueil du remplacement. Ainsi donc le danger auquel il faut soustraire les remplaçants, c’est la libre disposition des sommes provenant de leur contrat : leurs dérèglements, qu'on taxe injustement pour le plus grand nombre d’immoralité, n'ont pas d'autre cause. Le gouvernement l'avait reconnu ; M. le maréchal ministre de la guerre l’a constaté; vous vous êtes associés à sa pensée en votant les mesures qui devaient rendre les remplaçants aussi irréprochables que les jeunes soldats. Ces mesures consisteut à prescrire et à obtenir le dépôt des sommes qui sont le prix du remplacement. Déjà on est entré dans cette voie pour les remplaçants au corps; tous