Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

— 20 & dats ! hésiterait un jour à ressaisir ses armes çL ne préfé« rerait la mort à l’ignominie de sa patrie! .…. Adieu!»

Le colonel Cubières était à cheval, en finissant il piqua des deux pour s'éloigner et pour mieux maîtriser sa profonde émotion ; mais elle avait gagné son auditoire : les vieux soldats s'étaient précipités en grand nombre sur Les traces de leur chef; ils répétaient en sanglotant adieu! adieu colonel! Monsieur de Gubières s'arrêta, mit pied à terre ct recut dans ses bras, au risque d’être étouffé par tant d’étreintes, tout le 1% léger. Cette scène tirait des larmes à toute la population qui encombrait le lieu où elle se passait. Les anciens soldats étaientles plus émus: «Vous autres, disait un vieux grenadier en s'adressant à des conscrits, vous ne sentez pas comme nous que le régiment est une famille.»

L’officier qui a extrait de son portefeuille la pièce eidessus pour nous la communiquer, nous a raconté un fait qui honore trop le caractère militaire pour que nous ne nous empressions pas d’en faire part à nos lecteurs.

Lors du licenciement du 1 léger, il restait dans la caisse du régiment une somme considérable que, dans ce temps de perturbation et de désordre, le colonel pouvait très-facilement s'approprier. Q’eût été pour lui une fortune. Mais cetle somme était la propriété du corps. Le colonel, au lieu de profiter des circonstances pour s’en emparer, la fit distribuer, au marc le frane, entre les ofliciers, les sousofficiers et les soldats.

A quelque temps de là, l'officier qui nous raconte le fait fut mandé précipitamment auprès de sa mère. 1l avait besoin d'argent pour faire le voyage. C’est à son colonel qu'il va confier son embarras.—Prenez, mon cher, dit le colonel en oeuvrant son secrétaire; ma bourse entière est à votre disposition. Trois mois après, l'officier se présenta chez le colonel Cubières pour rendre la somme qui lui avait