Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

Re :

. Observons d’abord que les mesures auxquelles on se propose de recourir contre l’agiotage viendraient un peu tard; le plus grand mal est fait à cet égard comme pour l’engouemérit déraisonnable ; car c’est toujours au début des nouvelles invenlions, et précisément parce qu'elles sont nouv elles, que lon agiote et que l’on se passionne.

Observons, en outre, qu’une loi générale contre l'agiolage ne suflirait pas pour le proscrire complétement, pour l’extirper, attendu que chacune des inventions nouvelles qu'on doit s'attendre à voir éclore chaque jour, que chacune des entreprises non. tentées jusqu'alors pourrait porter en ellemême un germe, un principe nouveau d’agiotage que ne saurait combattre ni atteindre une loi rédigée d’une manière générale, et sans stipulations particulières. Il faudrait donc contre l’agiotage, non-seulement autant de lois spéciales qu'il ÿ aurait d'industries nouvelles, mais encore autint de lois qu’il y aurait d'applications différentes et de perfectionnements dans la même industrie. Dès lors il est évident que toutes les industries, et plus encore celles qui se rapportent aux chemins de fer, auraient grand’peine à fonctionner au travers des restrictions législatives, étant constamment soupconnées, épiées, entravées par cette multitude de lois dirigées contre l’agiotage. L

Voilà pour l'effet à venir de la loi : et quant au passé il est douteux que si la législation fût intervenue plus tôt, et mêmie dès le principe, il est douteux qu’elle eût remédié complétement aux inconvénients de l’agiotage. Comment, en effet, parvenir à faire cesser l’abus des transactions, à arrêter le mouvement immodéré des entreprises, lorsqu'un champ si vaste, si nouveau, si inconnu, s’ouvrait à l’industrie par l'introduction de ce mode de locomotion dont la vitesse tient du prodige; lorsqu'une confiance sans bornes avait remplacé dés . défiances exagérées et des incertitudes trop longtemps prolongées au sujet des chemins de fer ?