Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée
NT améliorée sans l'intervention de la loi, et particulièrement depuis 1830 ; que cette amélioration est du fait des colons autant que du Gouvernement ; que les améliorations qui sont encore désirables et qu'on peut effectuer se produiront par l'usage ; que l'amélioration des mœurs est ce qu'il y a de plus désirable ; que les autres améliorations auront lieu par la seule influence du Gouvernement, sans qu’il soit nécessaire de faire immédiatement des lois qui ne seraient pas en rapport ni avec l’état actuel, ni avec les coutumes des colonies; de pareilles lois ne feraient que les froisser. Je me crois donc fondé à repousser le projet de loi, à en demander le rejet dans l'intérêt même de l'émancipation.
Après ayoir exprimé mon opinion sur l’ensemble du projet de loi, qu’il me soit permis de répondre quelques mots à l’honorable orateur (1) qui m’a précédé à la tribune.
En appliquant à la situation coioniale une réponse qui fut faite à une dynastie au moment où elle cherchait à se rattraper aux branches de la liberté, il nous a dit : Il est trop tard; c’est-à-dire que nous ne pouvons plus rester dans la voie de lémancipation progressive; qu'il est trop tard pour nous arrêler; que nous serons entraînés malgré nous; que nous ne pouvons plus demeurer immobiles sur la pente où nous nous sommes placés; qu’il faut glisser jusqu’au bout; enfin, que si nous ne voulons pas proclamer à l’instant l'émancipation, ce seront les mulâtres affranchis qui s’en chargeront, et qu’ils n'auront pas à la main un rameau d’olivier.
Messieurs, je crois qu'il n’est jamais trop tard pour rester dans la voie de la prudence et de la sagesse, pour résister aux entraînements des systèmes aventureux, à l'exigence de la logique des théories, à la mauvaise influence des mots, quand ils s'appliquent mal aux choses et quand les choses ne sont pas dans la situation où on les présente. À ceux qui veu-
(1) M. le comte Beugnot.