Entre slaves

a —

LA CHUTE DU PRINCE ALEXANDRE 345

pour prendre en mains les rênes du pouvoir suprême. Quelle gloire pour le jeune conspirateur, sorti à peine de son existence de bohème!

Deux jours après, une dizaine de voitures découvertes stationnaient devant le palais; de nouveau, diplomates et fonctionnaires se trouvaient réunis, mais pour saluer une dernière fois le souverain déchu.

Au milieu des groupes, deux secrélaires de l'agence de Russie se tenaient muets et solennels pour assister à ce départ tant désiré en Russie, à cette chute définitive d’un homme qui, depuis quatre ou cinq ans, avait tenu une si grande place dans les préoccupations des hommes d’État russes. Des dames essuyaient leurs larmes. On n’échangea pas une parole. Le Prince serra la main à tous et la voiture l’emporta, ayant à ses côtés Stamboulof, qui, après avoir fait une contre-révolution pour ramener son souverain, se voyait dans la singulière nécessité de le reconduire ainsi sur la terre étrangère.

Les cent cinquante kilomètres qui séparent Sofia de Lom Palanka furent franchis d'une seule traite, au milieu d’un nuage de poussière. En haut d’une colline d’où l’on apercevait la petite capitale, Battenberg tourna la tête, et s'écria : « Adieu, Sofia! » et, ne ces paroles, peut-être y avait-il autant de soulagement que de regrets.

L’ex-souverain avait connu les jouissances de l'autorité suprême, mais aussi il avait fait le dur