Entre slaves
LA FIN DE L'INFLUENCE RUSSE 351
Sur tous ces points, Stamboulof avait le sentiment de son infériorité. L'Europe, il l’ignorait, n'ayant jamais dépassé Bucarest. Il était lui, l'homme de l’intérieur, capable seulement de parler aux paysans, d'entraîner la jeunesse, de se faire des créatures parmi les médiocrités, les ratés, d’en imposer, par une certaine arrogance, à une assemblée de gens simples, mais il redoutait d'instinct de découvrir son inexpérience devant des étrangers, des consuls.
Aussi, avait-il besoin, pour orner le nouveau groupe gouvernemental, de quelques capacités plus brillantes que la sienne.
Il ne négligea pas sa Sûreté personnelle, ni ses intérêts de famille. Il prit à ses côtés, comme second régent, Montkourof, son beau-frère, qui fut son garde du corps.
Restait à désigner le troisième régent. lei, il se passa un incident de bonne comédie. Qui nommer? De tous les noms mis en avant, on n’en voyait aucun qui jouit d’une assez vaste renommée pour occuper ces hautes fonctions. Stamboulof pensa alors qu'il serait habile de présenter au pays la Régence comme issue dun accord entre le parti de la veille et celui du lendemain. Il n’en serait rien en réalité, et Stamboulof, en jetant les yeux sur son ancien patron, n'avait pas la moindre idée de lui laisser une parcelle de pouvoir. Étant donné la complicité morale, au moins, de Karavelof avec les auteurs du coup d'État du mois