Entre slaves

A0 ENTRE SLAVES

les uns et les autres pendant Les six années du règne du Prince.

Après le Congrès de Berlin qui annulait le traité de San-Stefano, 1 Russie dut renoncer à ses projets antérieurs édifiés autant sur les sentiments de haute compassion de l'Empereur Alexandre pour les frères malheureux, placés sous le joug ture, que sur les ambitions plus positives des panslavistes : au lieu d’une Bulgarie indépendante, du Danube à Andrinople, on dut accepter la création d'une principauté vassale de la Turquie dont la frontière s’arrêtait aux Balkans, et celle d’une province autonome, au Sud, la Roumélie, gouvernée par un pacha.

Ce n’était pas pour la Russie la situation rêvée, solidement assise, dans la presqu'ile des Balkans: tout au plus, avait-elle sauvé le prestige militaire durement acquis dans la campagne de 1877 et réservé la question de son développement futur en Orient.

Pour prix de tant d'efforts sanglants, l'Europe -autorisait l'adversaire de la Turquie à préparer l’or-ganisalion politique de la Bulgarie, à organiser son armée ainsi que celle de la Roumélie. On consentait aussi à accepter les yeux fermés le Prince quil conviendrait à la Russie d'offrir à la nouvelle Principauté. C’était tout. Soit une mise en train de protectorat moral, laissant vaguement supposer que l'Europe _supporterait l’application et la continuité de ce protectorat. |