Études historiques et figures alsaciennes

MADAME LUCIFER 151

Devenue veuve, (Caroline Bœhmer erre d’abord d’un lieu à l’autre, répondant à l'appel de ses amis, sans pouvoir s’arrêter nulle part. Son humeur sarcastique, sans parler du sentiment qu’elle a toujours eu de sa supériorité, aigrit ses rapports avec sa famille. Ses jugements, à cette époque, sont plus tranchants que jamais. Sa sœur Charlotte, avec laquelle elle a longtemps échangé des confidences, n’est plus qu’une « coquette finie » (eëne ausgemachte Coguette). Son autre sœur, Louise, qui pourtant s’est trouvée à côté d'elle pendant la maladie de sa plus jeune fille, est « une petite oie » (ein Günschen). Sa meilleure amie, Louise Gotter, établie à Gotha, essaie vainement de la fixer auprès d'elle en cherchant à la remarier. Son précédent mariage lui a donné si peu de satisfaction, qu'elle ne demande qu'à jouir de sa liberté nouvelle. « Je veux être heureuse, en dépit des hommes et des dieux ! » s’écrie-t-elle dans une lettre. C'est avec cette pensée qu'au mois de février

1792 elle arrive à Mayence, où elle retrouve