Ferdinand IV et le duc d'Orléans : Palerme, 9-17 Mars 1813
FERDINAND IV ET LE DUC D’ORLÉANS 19
Elle avait poussé la prudence jusqu'à quitter Ficuzza aussitôt après le départ de Ferdinand IV pour Palerme et à se rendre de nouveau à Castelvetrano.
« Le g mars au soir, comme lord William Bentinck ! l’écrivait quelques jours plus tard à lord Castlereagh, Ferdinand IV arrivait à l’improviste à Palerme, s’installait au Palais », assemblait les ministres, leur déclarait que sa santé était rétablie et qu'il reprenait le pouvoir. Le retour de Ferdinand avait surpris Bentinck, qui, ne s’attendant pas à un événement aussi grave el aussi imprévu, avait besoin de gagner un peu de temps afin d’étoufler dans le germe même les tentatives de revendications du Roi et de ses partisans, et de faire arriver à Palerme les troupes dont la présence était nécessaire pour intimider Ferdinand et exercer une pression vigoureuse sur ce triste Souverain.
En attendant, le Prince de Belmonte, ministre des Affaires Étrangères du Vicaire général, s'était chargé de représenter au Roi les dangers auxquels il s’exposait, et la gravité de la situation qu'il venait de créer. Ferdinand resta sourd aux représentations de Belmonte. Le soir même, il se rendait au contraire en grande pompe à la cathédrale où il faisait célébrer un service solennel d'actions de grâces et chanter un Te Deum.
Le 11, pendant que le lord Capitaine général terminait ses préparatifs militaires, le Roi mandait lord William auprès de lui : « J'ai déclaré à Sa Majesté, écrit1l, que l'Angleterre ne permettra? jamais qu'on porte la main sur la Constitution. La ville est très agitée. On y crie : Vive le Roi et à bas les Anglais. »
Le 12, le Roi commençait déjà à faiblir. À la suite d'un
1. Lord William Bentinck à lord Castlereagh, Palerme, 18 mars 1813. Dépêche n° 16. Record office. Sicily. Foreign office, vol. 91.
2. Le mot « permettra » exaspéra le Roi. Bentinck, craignant d’avoir été trop loin, ajouta aussitôt : « Je suis un homme simple. » Mais le Roi s’écria aussitôt : € Je suis plus simple que vous. Je suis plus honnête que vous ». Comme Bentinck se disposait à se retirer et s’inclinait, Ferdinand se reprit et ajouta : « Je suis un honnète homme, vous aussi, vous pouvez bien l'être ». Puis, comme Bentinck faisait allusion aux relations que la Cour de Sicile aurait cherché à nouer avec ennemi, le Roi protesta vivement contre ses allégations, invita Bentinck à lui écrire ce qu'il avait à lui dire et sortit précipitamment de la salle d'audience. (Idem in eodem.)
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