Ferdinand IV et le duc d'Orléans : Palerme, 9-17 Mars 1813

FERDINAND IV ET LE DUC D’ORLÉANS 9

prévenue. Elle lui déclara dans des termes, dont elle ne prit. même pas la peine d’atténuer la raideur et la sécheresse, que c'était elle, et non lui, qui commandait en Sicile, qu'il pouvait tout au plus risquer quelques conseils timides et respectueux, mais qu'il n'avait pas d'ordres à donner. La rupture cependant n’était pas encore un fait accompli. Moins violent, moins susceptible, plus patient et plus prudent que la* Reine, Bentinck, aussi inflexible, aussi inébranlable qu’elle, se contenta de partir le 27 août pour Londres, où il allait chercher les pleins pouvoirs, dont il avait besoin pour accomplir son œuvre, et demander à son gouvernement l'autorisation de briser à tout prix et par n'importe quel moyen la résistance de Marie-Caroline. La lutte était inégale, et l'issue en était d’autant moins douteuse que la Reine était déjà malade et fatiguée. Épuisée par les dures épreuves qu'elle n'avait cessé de subir dans ces dernières années, abandonnée par le prince héréditaire, ne se sentant plus soutenue par Marie-Amélie qui ne voyait plus que par les yeux du duc d'Orléans, minée par le chagrin et la souffrance, elle ne se sentait plus la force de continuer à combattre pour une cause qu’elle était seule à défendre. Pour la première fois de sa vie, trois jours après le départ de Bentinck, elle se laissa aller à un accès de découragement, et, dans une lettre qu’elle adressait à l’empereur François, elle lui demandait en cas de besoin de lui accorder un asile tranquille à Brünn, Gratz ou Salzburg, « pour y finir sa malheureuse vie ».

Le 7 décembre, un peu plus de trois mois après ces premières escarmouches, lord William Bentinck était de retour à Palerme. Certain désormais d’être soutenu par son gouvernement, investi des pouvoirs les plus étendus, il n’attendit même pas le résultat des deux audiences que la Reine lui avait accordées le 13 décembre 1811 et le 2 janvier 1819, à Mezzo Monreale, près de Palerme, pour bien marquer ses intentions. Après avoir fait arrêter un certain nombre de personnages qu'il savait dévoués à Marie-Caroline, il avait rassemblé le Conseil de guerre qui commença à siéger le 6 janvier 1812. Dans la dernière de ces entrevues, qui ne dura pas moins de trois heures, Bentinck renouvela ses proposi-

Lions et la Reine, son refus absolu de tolérer une intervention #