Garat 1762-1823
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mondaine de ces années fiévreuses empêchait de s'inquiéter d’un lendemain problématique.
Plein de vivacité, d’entrain et d’enjouement, aimable au possible, nullement capricieux quoiqu'on en ait dit, avec l'unique désir de rendre la souveraine de son cœur heureuse, Garat eût été un amant parfait, car il aimait avec la meilleure foi du monde si sa passion eût pu durer.
Parmi ses liaisons, il en est encore une sur laquelle nous pensons utile de nous étendre un peu; c'est celle qu'il entretint avec la future Egérie de l’Aigle blanc du Nord, le tsar Alexandre; cette Sainte-Thérèse moins la grâce, selon l’heureuse expression de Sainte-Beuve *.
C’est une curieuse et énigmatique figure que cette Julie de Wietinghoff ?, née à Riga en 1766, fille d'un gouverneur de cette ville, mariée à quatorze ans avec le baron de Krüdener, ambassadeur
de Russie à Berlin. En 1791, elle divorça bien
1. Sainte-Beuve, Portraits littéraires, (Causeries du lundi), 3 vol. in-12, Garnier frères, édit., Paris 1881, t. III, p. 286. 2. Ch. Eynard, Madame de Krüdener, 2 vol. in-12, Cherbuliez
et Ci°, édil., Paris, 1849. — Marmier, Madame de Krüdener, Revue germanique, juillet 14833. — J. Turquan, Une Illuminée au XIX° siècle, ouv. cit. — Biographie Michaud, Madame de
Krüdener, article Parisot.