Garat 1762-1823
GARAT. 315
parlait avec une étrange inconscience des victimes que son esprit et sa beauté avaient faites, ajoutant complaisamment : «Il ÿ en a encore un, à Lausanne, qui n'est pas mort, mais il ne peut aller loin‘. » Pour Garat, il n'en mourut pas et alla assez loin, même après la brouille suscitée par lui d’ailleurs. Fatigué des continuelles épiîtres de madame de Krüdener et décidé à rompre, ne lui écrivit-il point un jour : « Tout cela serait très bon dans un roman, mais dars la réalité, c'est beaucoup trop long et beaucoup trop romanesque; ne m'envoyez donc plus vos manuscrits : faites les imprimer, et j'en accepterai volontiers la dédicace *. »
Laissons maintenant de côté l'illuminée de demain qui allait bientôt s’insinuer, pour préluder
à son existence de mysticisme, dans l'intimité de
rigueur, être considéré comme un hommage rendu à la resplendissante beauté de cette dernière. « Je m’acquitte avec un peu d’embarras d’une commission que madame de Krüdener vient de me donner. Elle vous supplie de venir le moins belle que vous pourrez. Elle dit que vous éblouissez tout le monde, et que, par là, toutes les âmes sont troublées et toutes les attentions impossibles. » Sept. 1845, Lettres de Benjamin Constant à madame Récamier, publiées par l’auteur des Souvenirs de madame Récamier, 1 vol. in-8, Calmann Lévy, édit., Paris, 1881.
4. Ch. Eynard, Madame de Krüdener, ouv. cit.
2, J. Turquan, Une illuminée au XIX* siècle, p.121, ouv. cit.