Garat 1762-1823
GARAT. 319
cette époque, les exemples si nombreux de ménages auxquels l'habitude servait de contrat, les séductions sans nombre rencontrées à chaque pas dans la vie, les coutumes, les mœurs, tout était fait pour les conduire à la chute. A la fin du xviu° siècle, au commencement du nôtre, le mariage ne consiste pour ainsi dire plus qu’en une simple formalité sans importance qui n'engage ni la constance, ni la fidélité des contractants, qui auraient d'ailleurs été considérées comme une ridicule faiblesse digne tout au plus de gens de bas étage. Les époux trompés n'y mettaient de leur côté pas tant de facons et acceptaient leur sort avec philosophie, pour ne pas dire avec désinvolture. C'était bien l’époque absolue de l’étourdissement et de la dissipation conduisant fatalement à une sorte de rétrécissement du cœur; surtout pour les femmes qui n'aimaient plus qu'avec la tête, comme l'avait fort justement dit Galiani, quand la vanité n'entrait pas pour la
plus grande part dans leurs liaisons.