Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu
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déshonorent, il ne la livrera pas à son parti. Précy hésite, accepte, revêt l'uniforme civique, arbore la COCarde nationale, et la guerre commence.
Virieu entre alors officiellement en scène. Ancien constituant de 1789, démocrate royaliste, mais aux yeux du peuple plus royaliste encore que démocrate, homme de foi passionné dans un temps où non seulement la liberté et la religion ont cessé d’être aimées, mais encore où elles sont haïes, sa présence à l’armée lyonnaise, dans un commandement élevé, peut faire naître les défiances des gens d'ordre conservant quelque attachement à la forme républicaine. Mais sa réputation de militaire n’est plus à faire ; et à tout prix il faut à des soldats inexpérimentés des officiers sachant leur métier. Il reçoit le com- : mandement de la cavalerie.
Raconterai-je ce siège héroïque, soutenu deux mois durant ; ces villages, ces avant-postes fortifiés en quelques nuits, ces dix-mille volontaires enthousiasmés pour leur cause, passionnés pour leur général, mourant sans défaillance, presque sans regret, cette grande ville brûlée par des fusées « volontairement incendiaires », ces trente-six mille gardes nationaux désarmant les Jacobins, fondant leurs munitions, ces femmes, ces mères pansant les blessés, ensevelissant les morts ; le vainqueur de Valmy (1), Kellerman, obligé d'abandonner une lutte dont il n’aperçoit pas l'issue ; ces combats où l’on s’égorgeait dans de terribles
(1) Kellermann prétexta la nécessité de sa présence à l’armée des Alpes, et demanda son remplacement à l’armée de Lyon,